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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/393

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Les aventures

examiner s’il n’étoit pas blessé lui-même. Il croyoit sans doute que j’avois résolu de m’en défaire, car il vint se mettre à genoux devant moi, & embrassant les miens, il me tint d’assez longs discours où je ne comprenois rien, sinon qu’il me supplioit de ne le pas tuer.

Pour le désabuser, je le pris par la main en souriant, je le fis lever, & lui montrant du doigt le chevreau, je lui fis signe de l’aller chercher, ce qu’il fit, & dans le tems qu’il étoit occupé à découvrir comment cet animal avoit été tué, je chargeai mon fusil de nouveau. Dans le moment même j’apperçus sur un arbre, à la portée du fusil, un oiseau, que je pris d’abord pour un oiseau de proie, mais qui dans la suite se trouva être un perroquet. Là-dessus j’appelle mon sauvage, & lui montrant du doigt mon fusil, le perroquet & la terre qui étoit sous l’arbre, je lui fais entendre mon dessein d’abattre l’oiseau : je le fis tomber effectivement, & je vis mon sauvage effrayé de nouveau, malgré tout ce que j’avois tâché de lui faire comprendre. Ne m’ayant rien vu mettre dans mon fusil, il le regarda comme une source inépuisable de ruine & de destruction. De long-temps il ne put revenir de sa surprise, & si je l’avois laissé faire, je crois qu’il auroit adoré mon fusil, aussi-bien que moi. Il n’osa pas y toucher pendant plusieurs jours ; mais il lui parloit,