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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/534

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de Robinson Crusoé.

gême de la traînée de poudre, de laquelle je m’étois avisé, & sans le feu continuel que nous avions soin de faire ; ils ajoutoient encore que nous aurions couru moins de danger si nous étions restés à cheval, & si, de cette manière, nous avions tiré sur eux, parce que voyant les chevaux montés, ces animaux n’ont pas la coutume de les considérer si facilement comme leur proie ; qu’enfin si nous avions voulu mettre pied à terre, nous aurions bien fait de sacrifier nos chevaux, parce que, selon toutes les apparences, c’est sur eux qu’ils se seroient tous jetés, en nous laissant tous en repos, nous voyant en grand nombre & bien armés.

Le danger auquel nous venions d’échapper étoit véritablement terrible ; j’avoie que j’en étois plus frappé que d’aucun autre que j’eusse couru de ma vie, & que je m’étois cru perdu absolument en voyant deux ou trois cens de ces bêtes endiablées venir à nous la gueule béante, sans que je pusse trouver aucun lieu de refuge pour me mettre à l’abri de leur fureur.

Je ne crois pas que j’en perde jamais l’idée, & désormais j’aimerois mieux faire mille lieues par mer, quand je serois sûr d’essuyer une tempête toutes les semaines, que de traverser encore une seule fois les mêmes montagnes.

Je ne dirai rien de mon voyage par la France,