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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/288

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Les aventures

avoit de fort beaux sentimens, quoique, tout comme moi, il eût d’abord peu de chose. Sans savoir que j’eusse le moindre dessein de lui faire un présent, il m’envoya à bord, du vin & des confitures, pour plus de trente moidores, & il y ajouta du tabac, & quelques belles médailles d’or. Mon présent n’étoit pas de moindre valeur que le sien, & lui devoit être très-agréable ; j’y joignis la valeur de cent livres sterling en mêmes marchandises ; mais dans une autre vue, & je le priai de faire dresser ma chaloupe, afin de l’employer pour envoyer à ma colonie ce que je lui avois promis.

L’affaire fut faite en fort peu de jours, & quand ma barque fut toute équipée, je donnai au pilote de telles instructions pour trouver mon île, qu’il étoit absolument impossible qu’il la manquât ; aussi la trouva-t-il, comme j’ai appris dans la suite, par les lettres de mon associé.

En moins de rien, elle fut chargée de la cargaison que je destinois à mes gens, & un de nos matelots, qui avoit été à terre avec moi dans l’île, s’offrit d’aller avec la chaloupe, & de s’établir dans ma colonie, pourvu que j’ordonnasse, par une lettre, au gouverneur Espagnol, de lui donner des habits, du terrein,