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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/482

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y a tant de désintéressement dans l’offre que vous me faites, que je connoîtrois fort peu le monde si je ne m’en étonnois pas & que je serois le plus ingrat des hommes ; si je n’en avois toute la reconnoissance possible. Mais parlez-moi naturellement ; avez-vous cru que le mépris que je vous ai fait voir pour le monde étoit sincère, & que je vous ai découvert le fond de mon ame, en vous assurant que dans mon exil, je m’étoîs procuré une félicité supérieure à tous les avantages qu’on peut emprunter de la grandeur & des richesses ? M’avez-vous cru vrai quand je vous ai protesté que je refuserois de rentrer dans la condition brillante où je me suis vu autrefois à la cour de mon maître ? M’avez-vous cru honnête homme, ou m’avez-vous pris pour un de ces hypocrites qui se dédommagent de leur mauvaise fortune, par une fausse ostensation de piété & de sagesse ?

Il s’arrêta-là, non pas pour attendre ma réponse, mais parce que l’agitation de son cœur l’empêchoit de pousuivre. J’étois plein d’admiration pour les sentimens de ce grand homme & cependant je ne négligeai rien pour l’y faire renoncer. Je me servis de quelques argumens pour le porter au dessein de se retirer de sa triste situation ; je tâchai de lui faire considérer ma