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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/32

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En effet, le petit prince, comme s’il eût été capable de sentir le prix d’une première vue, sourioit avec grace à toutes les caresses qui lui étoient faites. Il ne pouvoit parler, mais il marquoit du doigt les figures découpées qu’on lui montroit & sembloit les admirer. Il se mit pourtant à pleurer, quand on l’approcha du vernis ; il n’avoit pas naturellement de goût pour l’odeur de la térébenthine mélée à celle de l’esprit de vin ; on fut obligé de l’en éloigner, après quoi il s’appaisa.

La reine forma le dessein d’élever ce prince, mais elle résolut de cacher à tout le monde son rang & son pays. S’il savoit, dit-elle à ses Amazones, quelle est sa naissance, il nous échapperoit bientôt ; & si d’autres en avoient connaissance, on ne tarderoit pas à nous enlever un trésor si précieux. Jurez-moi donc que vous ne révélerez jamais à personne, pas même au roi mon époux, la qualité de cet enfant.

Toutes les Amazones furent pénétrées des raisons de la reine, & firent les sermens les plus solennels qu’elles ne révéleroient jamais un secret si important. Dans ce moment, le roi entra, accompagné de la sœur de la reine, nommée Acariasta ; ils s’approchèrent avec précipitation, pour admirer cet enfant que la reine tenoit