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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/430

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chassât honteusement. Un des principaux officiers, qui le connoissoit, dit à l’empereur qu’il ne savoit pas pourquoi cet homme en avoit usé de la sorte ; mais qu’il étoit un des meilleurs soldats du royaume ; que son père avoit été un vaillant homme, & qu’il avoit fait de si belles actions, que sa majesté lui avoit accordé trois payes. Cet officier l’ayant ensuite nommé à l’empereur, ce discours fit que ce prince voulut qu’on le lui amenât.

On l’avoit déjà démonté, & l’empereur lui ayant demandé pourquoi il n’avoit pas tiré sa flèche comme les autres : Je ne sais, lui répondit-il, tirer mes flèches que contre les ennemis de votre majesté. Comme cette réponse plut à l’empereur, il lui dit : Allez reprendre votre cheval ; & après quelques caracoles, pour montrer qu’il le savoit bien manier, il le poussa à toutes brides jusqu’à une certaine distance au-delà du but, où il décocha sa flèche par derrière, qu’il mit dans le milieu. Au retour, il vint encore à passer devant l’empereur, & poussant derechef son cheval avec autant de dextérité que de vîtesse, il tira une seconde flèche qui fendit la première par le milieu. L’empereur, surpris de voir tant d’adresse dans un homme