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Page:Anthologie néo-romantique, 1910.djvu/32

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ANTHOLOGIE NÉO-ROMANTIQUE


À cette heure divine où les parfums s’exhalent
Plus librement des fleurs pendant aux rosiers lourds,
Comme un bouton craindrait d’entr’ouvrir ses pétales
Nos deux âmes ont tu l’ardeur de leur amour

Ainsi, sans le savoir, nous étions l’un à l’autre.
Le calme de nos fronts cachait notre secret.
Ignorant mon amour, vous dérobiez le vôtre
Et mon désir naissant s’achevait en regret.

Et vous n’avez compris que vous étiez aimée,
Et je ne vis l’amour en votre âme enfoui,
Qu’en ce jour où, corolle obstinément fermée,
Votre cœur, malgré vous, s’ouvre et s’épanouit.


LA BLESSURE



<poem>Caprice d’un instant, joie et tourment d’un jour,
Ce que je fus pour toi, tu l’ignores toi-même :
C’est en vain que je souffre et c’est en vain que j’aime
Mais quand tu seras lasse et brisée à ton tour,

Quand tu ne pourras plus recommencer ta vie,
Quand, tes songes dorés te manquant tout à coup,
Tu sentiras grandir en toi le rêve fou
De refaire la route aveuglément suivie ;

Lorsque, te terrassant sous son effort vainqueur,
Le temps aura glacé l’orgueil dont tu t’enivres
Et qu’enfin l’impuissant désir de tout revivre
Te prendra, gémissante, et te mordra le cœur,