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Page:Apollinaire - Calligrammes.djvu/32

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ARBRE

À Frédéric Boutet


Tu chantes avec les autres tandis que les phonographes galopent

Où sont les aveugles où s’en sont-ils allés

La seule feuille que j’aie cueillie s’est changée en plusieurs mirages

Ne m’abandonnez pas parmi cette foule de femmes au marché

Ispahan s’est fait un ciel de carreaux émaillés de bleu
Et je remonte avec vous une route aux environs de Lyon


Je n’ai pas oublié le son de la clochette d’un marchand de coco d’autrefois

J’entends déjà le son aigre de cette voix à venir
Du camarade qui se promènera avec toi en Europe
Tout en restant en Amérique