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Page:Apollinaire - Le Poète assassiné, 1916.djvu/198

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LE POÈTE ASSASSINÉ

croniamantal, en d’autres temps et près de la forêt
de Malverne, peu avant le passage des Moines.

Les vents s’écartent devant moi, les forêts s’abattent pour devenir une voie large, avec des charognes de-ci de-là. Les voyageurs rencontrent trop de charognes depuis quelque temps, des charognes bavardes.

le moine roux

Je ne veux plus travailler, je veux rêver et prier.

Il se coucha, la face tournée vers le ciel, dans le chemin bordé de saules couleur de brume.

La nuit était venue avec le clair de lune. Croniamantal vit les moines penchés sur le corps nonchalant de leur frère. Il entendit alors un petit gémissement, un faible cri qui mourut en un dernier soupir. Et lentement ils passèrent à la queue leu leu devant Croniamantal, caché derrière un bouquet de saules.

la forêt gloride

J’aimerais égarer cet homme parmi les spectres qui flottent entre les bouleaux. Mais il fuit vers le temps qui vient et où le voilà revenu.

Un fracas de portes lointaines se changea en un bruit de train en marche. Une voie large, herbue,