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Page:Apollinaire - Le Poète assassiné, 1916.djvu/203

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LE POÈTE ASSASSINÉ

paponat

Les anges eux-mêmes furent mes maîtres de danse.

croniamantal

Les bons anges ou les mauvais ? Mais n’importe, n’insiste pas. J’en ai assez de toutes les danses, sauf d’une que je voudrais pouvoir danser encore, celle que les Grecs appelaient kordax.

paponat

Tu es gai, Croniamantal, nous allons donc pouvoir nous amuser. Je suis heureux d’être venu ici. J’aime la gaîté. Je suis heureux !

Et Paponat, aux yeux brillants, profonds et tournoyants, se frotta les mains en riant.

croniamantal

Tu me ressembles !

paponat

Pas beaucoup. Je suis heureux de vivre, et toi tu te meurs auprès de la source.

croniamantal

Mais le bonheur que tu proclames, l’oublies-tu ? et oublies-tu le mien ? Tu me ressembles ! L’homme heureux se frotte les mains, tu l’as fait. Sens-les. Quelle odeur ont-elles ?