l’abandonna quelques jours après pour un mannequin des Champs-Élysées.
Tristouse ne le regretta pas longtemps. Elle prit le deuil de Croniamantal et monta à Montmartre, chez l’oiseau du Bénin, qui commença par lui faire la cour, et après qu’il en eût eu ce qu’il voulait, ils se mirent à parler de Croniamantal.
— Il faut que je lui fasse une statue, dit l’oiseau du Bénin. Car je ne suis pas seulement peintre, mais aussi sculpteur.
— C’est ça, dit Tristouse, il faut lui élever une statue.
— Où ça ? demanda l’oiseau du Bénin ; le gouvernement ne nous accordera pas d’emplacement. Les temps sont mauvais pour les poètes.
— On le dit, répliqua Tristouse, mais ce n’est peut-être pas vrai. Que pensez-vous du bois de Meudon, monsieur l’oiseau du Bénin ?
— J’y avais bien pensé, mais je n’osais le dire. Va pour le bois de Meudon.
— Une statue en quoi ? demanda Tristouse. En marbre ? En bronze ?
— Non, c’est trop vieux, répondit l’oiseau du Bénin, il faut que je lui sculpte une profonde statue en rien, comme la poésie et comme la gloire.
— Bravo ! Bravo ! dit Tristouse en battant des