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Page:Apollinaire - Le Poète assassiné, 1916.djvu/255

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LE POÈTE ASSASSINÉ

vriers qui habillèrent le puits d’un mur en ciment armé large de huit centimètres, sauf le fond qui eut trente-huit centimètres, si bien que le vide avait la forme de Croniamantal, que le trou était plein de son fantôme.

Le surlendemain, l’oiseau du Bénin, Tristouse, le prince des poètes et sa mie revinrent au monument qui fut comblé avec la terre qu’on en avait tirée et là, la nuit tombée, on planta un beau laurier des poètes, tandis que Tristouse Ballerinette dansait en chantant :

Toutes ne t’aiment pas tu mens
Palantila mila miman
Quand il fut l’amant de la reine
Il est le roi puisqu’elle est reine
C’est vrai c’est vrai je l’aime
Croniamantal au fond du puits
Est-ce lui

Cueillons la marjolaine
La nuit