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Page:Arène - Œuvres, 1884.djvu/142

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XXII

LE CORSET ROSE


C’est un singulier phénomène, ce double aspect que prennent les choses selon qu’en les voyant on est heureux ou malheureux. Pour moi, depuis cette nuit, il y a deux hôtels de Saint-Adamastor au monde : l’un rose et blanc comme ses dessus de porte fanés, avec Nivoulas radieux et le large escalier à rampe ouvragée, échelle de Jacob que montent et descendent tout le long du jour des théories d’anges déchus en long peignoir ; et l’autre où Roset n’est plus, un hôtel de Saint-Adamastor douteux et sombre, gardé par mademoiselle Ouff qui grommelle, quand je lui demande Roset, je ne sais quoi dans une quinte ; un hôtel où je me retrouve seul par ma faute, sans savoir s’il faut pleurer ou rire, et n’ayant personne, non, personne et pas même moi, à qui confier ma douleur.

— Va consoler Nivoulas, imbécile !… et je venais le consoler quand j’aurais eu tant besoin d’être consolé moi-même.