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Page:Arène - Œuvres, 1884.djvu/20

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Mais quoique devenu paysan, Vincent n’en continua pas moins à porter l’épée. Les gens qui le voyaient suivre son âne au bois en tenue de gentilhomme lui criaient : — « Bien Le bonjour, Vincent l’Espazette !… Hé ! Vincent, qu’allez-vous faire de ce grand sabre ? » Et le bon Vincent répondait, sans paraître fâché de leurs plaisanteries : — « C’est pour couper des fagots, mes amis, pour couper des fagots ! »

À un moment de ma vie, le plus heureux sans aucun doute, où je me sentais l’âme assez large pour toutes les vanités, il m’arriva, je le confesse, de prendre ma noblesse au sérieux. Pendant quelques mois le tailleur qui m’habillait s’honora d’habiller M. le chevalier Jean-des-Figues, et je me vois encore faisant étinceler au petit doigt de ma main gauche une bague d’or blasonnée qui portait d’azur à un tas de figues mûrissantes.