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Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/134

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FRIQUETTES ET FRIQUETS

sur les minuit, vous jetterez dans la fontaine.

— Quelle fontaine ?

— Une fontaine dans les champs, avant d’arriver au village ; on l’appelle la fontaine de Cramlen, tout le monde vous l’enseignera. N’oubliez pas, surtout.

— Dieu m’en garde !

Et, prenant le liard des mains de Sylvaine, je le glissai précieusement au fond de mon porte-monnaie, dans la poche où je garde mes fétiches.

Trois semaines plus tard, enlevé par Marteroy qui, avec une amicale violence, était venu à bout de me fourrer dans le dernier train, mais n’oubliant ni mas promesse à Sylvaine, ni ce qu’elle m’avait raconté au sujet de Luzancy et de ses filles, doublement heureux pour tout dire, comme forckloriste épris de superstitions populaires et comme ethnographe amateur, je me réveillai en pleine Brie.

Non pas la Brie telle qu’on se la figure, aussi plate que ses fromages, mais une Brie pittoresque et verte, cernée d’un horizon de collines, où la Marne, dans un détour, rase la