Aller au contenu

Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
LE BON POTACHE

Les trottoirs grouillent ; les gaz s’allument et flamboient, luttant avec un reste de clarté qui flotte encore dans le ciel.

C’est l’heure de la rentrée, l’Heure !

Sveltes sous leur mouvante aigrette et pareils à des hérons qui seraient bleus, les Saint-Cyriens, par grandes enjambées, car il s’agit de na pas manquer le train, filent éperdument du côté de la gare Montparnasse. Les Polytechniciens foncés et graves mettent au contraire, la montagne Sainte-Geneviève étant proche d’ailleurs, une certains coquetterie à ne point se hâter. Quelques Centraux, dont la casquette porte une abeille brodée en or. Au milieu de groupes d’étudiants, les épaulettes blanches d’un infirmier qui fraternise… Et puis des collégiens, inquiets et réjouis, peu pressés ceux-là par exemple de regagner lycée ou pension, et humant leurs dernières minutes, leurs dernières secondes de liberté avec la gourmandise économe que mettrait un paysan buveur de petits verres à savourer son « bain-de-pied ».

Les uns vont et viennent fiévreusement,