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Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/24

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FRIQUETTES ET FRIQUETS

Comme émoustillés par l’air quand même vif, moineaux et jolies filles se sentaient en joie. Jamais le paradis préféré des amoureux et des poètes ne m’avait paru d’une beauté plus captivante, avec ses parterres dépeuplés où, seules et mélancoliques, se dressaient les fleurs des chrysanthèmes, avec ses allées profondes et bleues sous les ombrages éclaircis, et ses miroitantes pièces d’eau que ternit tout à coup la fuite rapide d’un nuage.

Autour des pelouses, l’éternelle bataille automnale des jardiniers et du vent !

Le vent taquin, et tout le long du jour secouant les branches sur leurs têtes, cependant que, d’un espoir aussi chimérique que celui de Sisyphe ou des Danaïdes, à grand renfort de râteaux, les infortunés jardiniers essaient toujours en vain d’enlever les feuilles mortes qui toujours tombent, tantôt lentement, une par une, et tantôt dans un brusque tourbillon roux suivi d’une frissonnante jonchée.

Hier, c’était encore au Luxembourg que me ramena le hasard de la flânerie.

Jamais, sauf quelques légers nuages desti-