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Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/242

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FRIQUETTES ET FRIQUETS

amours, Gandolin occupait, quai Voltaire, une manière de grenier qui constituait le plus original logis du monde.

Ce grenier faisait partie des communs d’un magnifique hôtel, contemporain de Louis XV, et dont l’architecture, d’une majesté coquette, s’étalait en façade parallèlement à la Seine.

L’hôtel à porte triomphale, surmontée d’un écusson de rocailles, était aristocratiquement habité. Ses hautes fenêtres qui regardaient le Louvre s’illuminait souvent pour des réceptions ou des fêtes ; et, chaque matin, un escogriffe en gilet rouge nettoyait à grande eau une voiture dans la cour.

— Lorsque je passe sous la porte, disait Gandolin, je m’imagine que l’hôtel m’appartient ; et je félicité intérieurement Jasmin du beau calme qu’il sait garder en inondant ainsi de seaux d’eau ma voiture.

Préoccupations orgueilleuses, mais passagères. Ce n’est certes pas pour cela que Gandolin aimait son grenier.

Gandolin l’aimait, parce qu’il y trouvait, en plein Paris, dans ce pavillon perdu, au fond de l’immense cour, une relative solitude.