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Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/320

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FRIQUETTES ET FRIQUETS

Toutes les femmes se récrièrent.

Lui, ne paraissant rien entendre, ajoutait déjà :

— Oui, mesdames, sans paradoxe et sans arrière-pensée de gourmandise, si, à tant d’animaux en apparence plus distingués et plus dignes de sympathie, si au cheval, au chien, au chat qu’ont adopté, je ne sais trop pourquoi, les mystiques, au loup, dont Alfred de Vigny a dit en nobles vers la vie libre et la mort stoïque, à l’ours, ermite facétieux et doux, qui se nourrit de rayons de miel, je préfère le compagnon de saint Antoine, c’est qu’avec sa falote physionomie, ses yeux chinois, sa queue en vrille et son groin interrogateur, ce succulent ami de l’homme me rappelle un des meilleurs souvenirs de ma jeunesse amoureuse.

Et comme ces paroles, pourtant sincères, n’avaient eu pour résultat que de surexciter l’orage des protestations :

— Attendez au moins que je m’explique.

Sur quoi, le silence s’étant fait, le poète prit posture et commença :