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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/333

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Si Newton s’éloignait de ses camarades lorsqu’ils s’abandonnaient à des jeux bruyants, ce n’était pas par un manque de sociabilité ; il prenait le plus grand plaisir dans la compagnie de jeunes personnes qui demeuraient aussi chez le docteur Clark. Parmi elles, les biographes ont cité mademoiselle Storey, de deux ou trois ans plus jeune que lui. On a tout lieu de croire que. leur attachement prit à la fin le caractère d’une véritable passion, à laquelle Newton ne céda point, à cause de l’insuffisance de sa fortune et de l’incertitude de son avenir. Mademoiselle Storey fut ensuite mariée deux fois ; son dernier nom était madame Vincent. À l’époque où il était en possession d’une réputation européenne et dans la position la plus brillante, Newton ne manquait jamais dans ses voyages dans le Lincolnshire de visiter madame Vincent par ses libéralités il tira aussi la famille de cette dame de plusieurs embarras pécuniaires qui étaient venus compromettre son bonheur.

Après les confidences de madame Vincent au docteur Stukely, il ne sera plus permis de citer le nom de Newton lorsqu’on voudra prouver qu’un poète était trop absolu en écrivant sur le piédestal d’une statue de l’Amour, ces deux vers si souvent reproduits :

Qui que tu sois, voici ton maître,
l’est, le fut ou le doit être.

Lorsque la mort de M. Smith l’eut rendue veuve pour la seconde fois, la mère de Newton se retira à Woolsthorpe avec les trois enfants de son second mariage. Newton avait alors quinze ans ses progrès donnaient