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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/342

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moyenne et qu’à la fin de sa vie son embonpoint augmentait outre mesure. Ses cheveux, ordinairement couverts par sa perruque, avaient la teinte argentée la plus éclatante. S’il faut en croire l’évêque d’Atterbury, ses yeux étaient ternes, du moins dans les vingt dernières années, et rien n’aurait fait deviner en le voyant la sagacité extraordinaire qui distingue ses productions scientifiques. Dans le monde il se montrait silencieux ; on l’aurait pris pour un homme ordinaire. On peut supposer que sa réserve tenait en partie à une grande timidité. Comme exemple de cette disposition d’esprit, nous citerons ce qui arriva lorsqu’il fut appelé en 1714 à déposer devant un comité de la chambre des communes, chargé de se prononcer sur un bill relatif à la détermination des longitudes en mer. Newton donna son opinion par écrit. Quelques membres du comité présentèrent des objections auxquelles il ne répondait pas un mot ; mais Whiston, placé derrière lui, s’écria : « Monsieur Newton éprouve quelque répugnance à faire connaître son avis, mais je puis affirmer qu’il est favorable au bill. » Newton, rompant le silence à la suite des paroles peut-être inconvenantes de Whiston, répéta ce que celui-ci venait de dire et le bill fut adopté.

Voici un autre passage emprunté à ce même M. Whiston, et qui, en le supposant véridique, donnerait une singulière idée des sentiments intimes de Newton : « Newton était du caractère le plus craintif, le plus cauteleux et le plus soupçonneux. que j’aie jamais connu, et s’il eût été vivant quand j’écrivis contre sa chronologie, je n’eusse pas osé publier ma réfutation, car, d’après la