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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/539

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me fait l’effet pour le moment d’un désert. Je ne connais presque personne ; c’est que tout le monde va s’établir à la campagne pendant la belle saison : ainsi ce monde n’est pas visible. Jusqu’à présent je n’ai fait connaissance qu’avec MM. Legendre, Cauchy et Hachette. M. Legendre est un homme fort complaisant et prévenant, mais malheureusement fort vieux…. M. Laplace n’écrit plus, je pense ; son dernier ouvrage a été un supplément à sa Théorie des probabilités. Je l’ai souvent vu à l’Institut : il est de moyenne stature, mais frais et vigoureux, M. Lacroix est fort avancé en âge. Lundi prochain, 30 octobre 1826, M. Hachette va me présenter à plusieurs de ces messieurs. »

Les géomètres français auraient donc eu, quant au temps, deux mois à peine pour deviner le génie de leur émule de Christiania. Quant aux travaux, ils pouvaient connaître seulement ceux qu’Abel avait publiés en français où en allemand. Ces travaux consistaient alors en une démonstration fort contestable de l’impossibilité de la résolution algébrique des équations du cinquième degré, qu’on trouvait par extrait dans le Bulletin de Férussac, en plusieurs Mémoires édités à Berlin, à l’égard desquels Abel s’exprimait lui-même en ces termes, dans une lettre à M. Holmboe, datée de Paris, décembre 1896 : Tu m’apprends que tu as lu les deux premiers cahiers du journal de M. Crelle. Les Mémoires que j’y ai fait insérer, à l’exception de celui des équations, ne valent pas grand’ chose ; mais cela viendra, je t’en assure. »

Une démonstration hypothétique : des Mémoires ne valant pas grand’ chose, voilà sur quoi on aurait dû