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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/563

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La même idée, avec quelques modifications de forme, se retrouve dans les éloges du grand poëte, couronnés par l’Académie française, en 1769. L’Académie, tribunal littéraire grave et compétent, croyait donc elle-même à un « trône resté vacant ; à une place réservée et désormais inaccessible ; à l’homme inimitable ! » Elle permettait qu’on regardât le génie de Molière « comme le terme où l’esprit humain s’élève par degrés, et d’où il ne peut plus que descendre. »

La Harpe (on ne l’accusa jamais de se complaire dans le panégyrique), La Harpe, même après les transformations singulières qui s’opérèrent dans son esprit à la suite de nos discordes civiles, La Harpe appelait Molière l’homme divin.

Vous croyez, sans doute, qu’il serait impossible de rien ajouter aux témoignages admiratifs de Boileau, de La Fontaine, de Voltaire. Détrompez-vous, Messieurs ; ces trois grands écrivains ont été dépassés par un géomètre. Moivre, son illustration scientifique ne saurait être mise en doute, Moivre avait coutume de dire :« J’aimerais mieux être Molière que Newton ! »

Et les étrangers ? sous quel jour voient-ils notre compatriote ?

Vous savez avec quelle vivacité naturelle les peuples se disputent la prééminence intellectuelle. Citez Descartes, Pascal, Corneille, Racine, Bossuet, Voltaire, Montesquieu, d’Alembert, Buffon, Lagrange, Lavoisier, Laplace, etc., vous entendez aussitôt les noms retentissants de Bacon, de Galilée, de Newton, de Leibnitz, de Huygens, d’Euler, de Kepler, de Linné, de Dante, de