Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/622

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graphe ? Après avoir signalé le mal, ne devrait-il pas chercher le remède ? Pourquoi s’en fier sur ce point à de prétendus législateurs, complètement étrangers à l’histoire des douleurs, des misères, des angoisses poignantes qui ont été l’apanage de beaucoup d’esprits supérieurs ? Saisissons toutes les occasions de montrer que l’homme de génie entravé dans sa marche par des institutions sociales vicieuses, n’accomplit pas sa destinée ; qu’il descend dans la tombe avant d’avoir pu jeter sur les milliers de phénomènes dont nous sommes entourés ces clartés vives et fécondes qui deviennent pour tout un peuple d’immortels titres de gloire ; qui manquent rarement aussi de contribuer au développement de la richesse publique.

Quand on veut parler des savants dont les facultés éminentes ont été mal appliquées, les noms viennent se placer en foule sous la plume.

Un homme d’État, célèbre par ses spirituelles saillies, disait d’un de ses adversaires politiques : « Sa vocation est de ne pas être ministre des affaires étrangères. »

Me serait-il difficile de citer, dans la carrière des sciences, des hommes dont la vocation était de ne point professer, de ne point inspecter, de ne point examiner, et qui, pendant une longue vie, ont été quotidiennement occupés à faire des leçons, à juger des professeurs et à examiner des élèves. Cet emploi inintelligent des plus hautes facultés a eu dans tous les temps les conséquences les plus fâcheuses. Je me propose d’établir dans cet écrit que les hommes dont je viens de parler, lorsque leur mérite est bien reconnu, devraient être abandonnés à leurs penchants naturels, que l’État ferait très-sagement