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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/71

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vouée aux animosités du pouvoir, a, dans les cent jours, signé l’acte additionnel. Le professeur de littérature (ce n’était pas, bien entendu, M. Andrieux, c’était son successeur), se charge d’exploiter cette découverte. Dans une réunion du Conseil d’instruction, il déclare que, suivant lui, ceux qui ont donné leur appui à l’usurpateur, à l’ogre de Corse, quels qu’aient été leurs motifs, ne sont pas dignes de professer devant la jeunesse à laquelle sera confié l’avenir du pays, et qu’ils doivent se récuser eux-mêmes. Le membre du corps enseignant contre lequel était dirigée cette attaque avait demandé la parole pour s’expliquer, lorsque Gay-Lussac se lève avec impétuosité, interrompt son ami, et déclare d’une voix retentissante, que lui aussi a signé l’acte additionnel, qu’il n’hésitera pas dans l’avenir à soutenir le gouvernement, quel qu’il puisse être, même le gouvernement de Robespierre, lorsque des étrangers menaceront la frontière ; que si les vues patriotiques qui l’ont dirigé sont un sujet de réprobation, il demande formellement que l’épuration qu’on projette commence par sa personne. M. le professeur de littérature vit alors que sa proposition aurait des conséquences qui iraient bien au delà des limites dans lesquelles il voulait la circonscrire, et tout fut dit.

Berthollet mourut en 1822 ; on sut alors qu’il avait légué l’épée, partie intégrante de son costume de pair de France, à Gay-Lussac : cette disposition testamentaire excita beaucoup de surprise. Mais on la trouvera toute naturelle si on suit la filiation d’idées qui déterminèrent le vénérable académicien.

Berthollet avait été sénateur sous l’Empire, pair de