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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 2.djvu/365

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semblables qui devront longtemps encore se présenter.

Personne n’avait prévu l’apparition de la comète de 1843 ! Le fait est vrai ; je m’étonne même qu’on le cite comme une singularité. Les catalogues astronomiques font aujourd’hui mention de 226 apparitions régulièrement observées. Dans ce nombre, 210 eurent lieu inopinément ; aucun calcul ne les avait indiquées ni quant aux dates, ni relativement aux positions que les nouvelles comètes devaient occuper dans le ciel. La comète de 1843 rentre donc dans la règle commune. Les astronomes du milieu du XIXe siècle n’ont pas été plus inhabiles en se laissant surprendre par l’astre à longue queue du mois de mars 1843, que ne l’avaient été : Lacaille en 1744, Bradley en 1757, Maskelyne en 1769, Wargentin en 1771, Herschel en 1795, Piazzi en 1807, Olbers, Delambre, Gauss, Oriani, etc., en 1841, etc., etc.

En s’évertuant à déconsidérer tel ou tel astronome français contemporain, certains journalistes ne comprennent peut-être pas qu’en cas de réussite ils frappent d’une égale défaveur les savants les plus illustres du XVIIIe siècle ; mais ne faut-il pas remarquer, au moins, que les célèbres directeurs des Observatoires de Berlin, de Greenwich, de Poulkova, de Kœnigsberg, etc., MM. Encke, Airy, Struve, Bessel, etc., n’ont pas non plus prédit la comète de 1843, et qu’il n’y a personne au monde qui ne dût se croire très-honoré de figurer en pareille compagnie ? Au surplus, je laisse à l’écart toutes ces considérations secondaires ; je prendrai les choses dans leur essence, heureux si je puis dissiper une erreur étrange, et cependant fort répandue.