Aller au contenu

Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

heures seulement ; mais ce n’est pas là le genre de phénomène dont je veux parler ; la question à examiner est celle-ci : Y a-t-il eu depuis les temps historiques des portions déjà consolidées de la croûte terrestre qui aient été soulevées en masse par des causes intérieures ? Existe-t-il des terrains qu’une révolution du globe, postérieure à leur formation, ait élevés de notre temps au-dessus de leur niveau primitif ? La réponse à cette question doit être affirmative ; en voici une preuve empruntée à M. de Humboldt.

Dans la nuit du 28 au 29 septembre 1759, un terrain d’environ 12 kilomètres carrés, situé dans l’enceinte de Valladolid, au Mexique, se souleva en forme de vessie. On reconnaît encore aujourd’hui, par les couches fracturées, les limites où le soulèvement s’arrêta. Sur ces limites, l’élévation du terrain au-dessus de son niveau primitif, ou bien au-dessus de celui de la plaine environnante, n’est que de 12 mètres ; mais vers le centre de l’espace soulevé, l’exhaussement total n’a pas été de moins de 160 mètres.

Ce phénomène avait été précédé de tremblements de Terre, qui durèrent près de deux mois ; mais quand la catastrophe arriva, tout paraissait tranquille ; elle ne fut annoncée que par un horrible fracas souterrain, qui eut lieu au moment où le sol se souleva. Des milliers de petits cônes de 2 à 3 mètres de hauteur, et que les indigènes appellent fours (hornitos), sortirent sur tous les points ; enfin, le long d’une crevasse dirigée du nord-nord-est au sud-sud-ouest, il se forma subitement six grandes buttes, toutes élevées de 400 à 500 mètres au-dessus des plaines