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Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/143

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pensée intime quand elle croyait devoir la cacher. Seulement, Enid avait des privilèges que ne possédaient point les autres ; elle le savait et usait de son droit. Un instant, elle demeura silencieuse, caressant les cheveux de Lilian qui songeait, contemplant, sans le voir, un mince croissant de lune profilé sur le ciel insondable. Puis, elle reprit :

— Et il t’a plu ainsi, tout de suite, du premier coup ?

Lilian réfléchit. Elle revoyait soudain le wagon à peine éclairé par les lueurs pâles du jour naissant, un homme d’allures froides et distinguées qui, en dépit des mouvements du train, griffonnait des notes sur un carnet, mais aussi l’examinait avec des yeux dont l’expression profonde et attentive l’avait frappée, ainsi arrêtés parfois sur elle.

— Non, il ne m’a pas plu tout d’abord,