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Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/158

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sa pensée si nettement que longtemps après, elle se les rappelait tous ; elle revoyait une odorante gerbe de réséda à la porte d’une fleuriste, la vue d’Interlaken que lady Evans s’était arrêtée un instant à regarder, le titre d’une Revue dans laquelle Robert publiait une série d’articles et qu’elle avait lu au passage.

Pourtant elle avait la sensation de marcher en plein rêve et d’être absolument heureuse durant cet instant fugitif de sa vie… Elle eût voulu pouvoir demeurer ainsi des années, et encore des années, ayant Robert à ses côtés, écoutant résonner la voix mâle dont elle connaissait maintenant les moindres vibrations, sans crainte de se heurter à la brutalité cruelle d’un réveil soudain… Et un regret lui serra le cœur, quand elle aperçut, à travers les découpures du feuillage, la haute