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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/246

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africaine, ils avaient les mêmes intérêts, ils s’honorèrent par cette démarche.

Sonthonax fut sans doute ému de cette scène attendrissante, de ce spectacle offert à ses yeux par la population entière d’une cité naguère opulente, maintenant ruinée, demandant à l’un des agens de la France l’application des principes qu’elle avait proclamés en faveur de toute l’espèce humaine, et qu’au fond du cœur il professait lui-même. L’art. 18 de la nouvelle Déclaration des droits, publiée par la convention nationale, autorisait la pétition des noirs. Cet article portait que l’homme ne peut pas être la propriété d’un autre homme, que nul homme ne peut se vendre ni être vendu. Comment résister à un si touchant spectacle, et aux raisons si judicieusement invoquées par les pétitionnaires ? Il leur promit une réponse positive dans quatre jours, et cette réponse fut sa proclamation du 29 août 1793.

Il est permis de croire que la lettre de Polvérel, du 26 du même mois, lui était déjà parvenue, l’informant de la gravité des circonstances qui se passaient ou s’étaient passées dans l’Artibonite : elle dut le porter lui-même à réfléchir sur la situation de la colonie menacée de toutes parts. Subissant de son côté une pression égale à celle qu’éprouvait Polvérel, et qui le détermina à émettre sa proclamation du 27 août, Sonthonax dut prendre, avec plus de résolution que son collègue, par l’effet même de son caractère plus porté que le sien aux mesures vigoureuses, la détermination de proclamer la liberté générale des esclaves dans le Nord.

« Sonthonax n’eut à craindre, dit Garran, lors de cette détermination, aucune violence personnelle, quoi qu’il soit incontestable qu’elle fut commandée par les