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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/375

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qu’il y a de vrai au fond des éloges qu’il leur prodigue.


La propriété, dit-il, est la base sur laquelle les sociétés sont assises ; elle est le signe représentatif de l’existence civile. S’il n’y avait qu’un homme, il n’y aurait point de guerre de partage ; s’il n’y avait qu’une société, il n’y aurait point de guerre étrangère. Mais il y a des soldats aveugles, à combattre, des citoyens fidèles, à protéger. La force armée est destinée à veiller à la propriété de ceux-ci, et à consommer l’anéantissement de ceux-là.

Là, comme partout, le peuple africain déploiera cette humanité qui l’a distingué dans ses efforts pour rentrer dans l’ordre social. Avec quelle sensibilité n’a-t-il pas accueilli et protégé ses ennemis les plus ardents ! Son courage égalera ses autres vertus. Ceux qui combattent pour reconquérir le droit de l’opprimer, doivent la vie à sa clémence : ils devront bientôt leur défaite à sa valeur. Non, le peuple africain ne souillera point sa victoire ; il ne déshonorera point la plus sacrée, la plus auguste des prétentions, par le pillage et l’incendie. À l’abri de sa fermeté généreuse, la propriété et la liberté reposent tranquilles, sûr qu’il porte dans son cœur le jugement des lâches qui oseraient les violer.

Confians en tant de vertus, tous les citoyens s’uniront à lui pour prolonger sa ligue redoutable ; la colonne républicaine offrira la confusion importante des couleurs dans l’ordre impénétrable des rangs. Tous les citoyens armés et non soldés marcheront sous la bannière civique, et si un lâche est atteint désertant ses murs, il aura mérité la mort.

Dans des circonstances, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Article 1er. Tous les citoyens armés et non enrôlés se joindront aux corps des volontaires nationaux commandés par Lafontant.

2. Tout citoyen qui sera trouvé sans passeport hors des murs, sera conduit par-devant le commandant de la place, et puni de mort.

3. Tous ceux qui seront trouvés à piller ou à incendier, seront également conduits par-devant le commandant de la place, et punis de mort.

4. Tout soldat convaincu d’avoir vendu ses armes sera puni de mort.


Ce qu’il y a de vrai dans cette proclamation, c’est la