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çais républicains ; il en transmet l’assurance à Laveaux, soit par sa lettre sans date, soit par la lettre de Chevalier, du 6 avril.

Mais, pour un homme résolu comme Toussaint, il ne faut pas qu’il se soumette comme un intrus ; il faut qu’il donne des gages de sa fidélité au nouveau gouvernement qu’il va servir, et ces gages se combinent avec le désir qu’il éprouve de se venger, et des Espagnols et des colons et émigrés français. Il emploie donc le temps qui s’écoule, du 6 avril au 4 mai, à immoler tous ceux qu’il peut atteindre. Le 4 mai, le pavillon tricolore flotte aux Gonaïves et à Terre-Neuve. Toussaint Louverture a triomphé de ses ennemis !

En triomphant ainsi, ne donne-t-il pas en même temps à Laveaux, la mesure de ce qu’il peut exécuter ? Et ne sait-il pas que le besoin qua ce gouverneur général de lui et de ses forces, lui fera compter pour rien cette immolation d’Espagnols et de colons français ? Ne sait-il pas que la politique excuse tout, que la morale de l’utilité l’emporte sur l’utilité de la morale ? D’ailleurs, il trouvera de bonnes raisons à donner à Laveaux : nous allons voir ces raisons exprimées dans sa lettre à ce général, en date du 18 mai.

Le rapport de Garran cite une lettre de Laveaux à Chevalier, du 2 mai, et une autre à Toussaint Louverture, du 5. Probablement à cette dernière date, Laveaux savait que le pavillon français flottait déjà, le 4, aux Gonaïves et à Terre-Neuve. Il n’y a que quelques lieues entre le Port-de-Paix et Terre-Neuve et les Gonaïves. Dans l’intervalle de ce jour au 18 mai, où Toussaint répond à Laveaux, plusieurs communes avaient été soumises par ses soins. Ecoutons ce qu’il dit à Laveaux :