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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/78

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Peu de jours après la proclamation de Polvérel, d’accord entre eux, ils suscitèrent une révolte des esclaves dans les mornes des Crochus et au Fond-Parisien, deux cantons de la paroisse de la Croix-des-Bouquets, et enfin dans la plaine du Cul-de-Sac qui forme principalement cette paroisse : elle éclata le 25 janvier 1793[1]. Ils firent appeler les nègres-marrons de la montagne de Bahoruco, dirigés par un de leurs chefs nommé Mamzelle : ces nègres-marrons avaient des motifs particuliers de haine contre les hommes de couleur, parce que, dans l’ancien régime, c’étaient ces hommes qui, dans la maréchaussée, servaient principalement à leur donner la chasse. Les nègres incendièrent 33 habitations des hommes de couleur et en massacrèrent 27 : les blancs et leurs propriétés furent respectés.

Ainsi, les blancs qui, dans le régime colonial, contraignaient les mulâtres et nègres libres à traquer les esclaves fugitifs, les blancs, en 1793, employaient ces hommes ignorans, à leur tour, à traquer les nègres et mulâtres libres.

Hanus de Jumécourt qui avait concouru, au mois

    siner les hommes de couleur de l’Ouest ; que les chefs de ce complot étaient Hanus de Jumécourt et Borel ; il en résulte également que Borel dominait, à l’aide de ses sicaires, la ville du Port-au-Prince, qu’il dirigeait la municipalité à l’aide de quelques hommes qui étaient dans son sein, de quelques hommes qui étaient dans les mêmes principes que Jumécourt et Borel. » (Paroles de Sonthonax aux Débats, t. 7, p. 230.)

  1. … « La révolte du Cul-de-Sac, en janvier 1793, était particulièrement dirigée contre les hommes de couleur, en haine de la loi au 4 avril. » (Paroles de Clausson aux Débats, t, 7, p. 138.) « Sur la fin de janvier dernier, les ateliers s’insurgèrent dans la paroisse de la Croix-des-Bouquets : on peut publier hautement (parce que les preuves en sont acquises dans les archives de la municipalité de cette paroisse et de celle du Port-au-Prince) que le but de cette insurrection était la destruction des citoyens ci-devant dits de couleur. » (Pétition des colons du Port-au-Prince déportés par les commissaires civils, datée de la rade du Cap et adressée à la municipalité de cette ville. Débats, t. 7, p. 373.)