Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/144

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siégeait la municipalité. Elle fait plus ; elle fait une adresse aux autres municipalités de l’arrondissement du Cap, pour convoquer un ou deux de leurs membres dans cette ville, afin d’aviser au bien général, et elle s’adjoint les nommés Binet et Legris ( deux des blancs signalés par Laveaux, comme chefs des intrigans qui agitaient cette ville), pour l’aider dans la rédaction des dépêches, etc. Enfin, la municipalité, dans le même acte, requiert le prétendu peuple de déduire les motifs qui l’ont porté à arrêter et emprisonner le gouverneur et l’ordonnateur ; et le peuple déclare que ces deux chefs ont perdu la confiance publique, et qu’il déduira ses griefs en temps et lieu.

Sur la réquisition de la municipalité, Villatte, qui s’était tenu à l’écart pendant l’attentat et les attroupemens qui suivirent, prend l’autorité et agit en conséquence de ce que prescrivait l’arrêté. Nous continuons à narrer, avant de juger sa conduite.

Mais, le colonel B. Léveillé, commandant le 2e régiment et la place du Cap, ne partageant pas les vues des intrigans, rassemble ses officiers pour se préparer à résister au mouvement, et envoie une lettre au colonel Pierre Michel, commandant le poste du Haut-du-Cap et le 3e régiment, pour l’instruire des faits et l’inviter à concourir avec lui. Pierre Michel s’empresse d’en aviser tous les chefs noirs des postes voisins, et T. Louverture, qui était alors aux Gonaïves. Il adresse ensuite une lettre à la municipalité et demande, d’une manière pressante, les motifs de l’arrestation du gouverneur et de l’ordonnateur. La municipalité lui répond, en l’engageant à se joindre à Villatte ; mais il réplique, en se refusant et demandant l’élargissement des deux fonctionnaires.

Pendant ce temps, il envoie une centaine d’hommes