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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/164

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Enfin, pour terminer nos citations dans ce long chapitre, une autre lettre de T. Louverture à Laveaux, datée des Gonaïves, le 21 avril, lui dit que le général Pierre Michel lui en a envoyé quelques-unes venant du camp Villatte :

« Ma première observation a été, dit-il, avant de prendre lecture, de ne pas trouver la signature de Villatte. Ce fin merle s’en est bien gardé ; il a cependant su blouser les autres sans se compromettre lui-même.

Je me suis aperçu par le style et le passage de la mort des prétendus martyrs de la liberté générale, Ogé et Chavanne, que l’auteur de ces deux lettres est un homme de couleur. Il impose impunément quand il dit que ces deux chefs moururent pour la liberté. J’ai des preuves par devers moi qui m’assurent le contraire : quand je serai un peu débarrassé de mes occupations, je lâcherai une proclamation relativement à ces deux lettres. J’ai fait arrêter Pauthe, commandant de Terre-Neuve, homme de couleur soi-disant blanc. J’ai été instruit qu’il est intimement lié avec Chevalier, et qu’il correspondait avec Delair. » L’amitié même était coupable !

Le 25 avril, en effet, T. Louverture lâche sa proclamation : il y désigne les hommes de couleur comme des ennemis de la liberté générale et de la sainte égalité. Et cependant, si dans le Nord et dans l’Artibonite, des hommes de couleur trahirent cette cause en 1793, ce fut principalement par ses soins, par ses intrigues, pour les gagner à la cause de l’Espagne !


O vous, Africains, mes frères ! vous qui m’avez coûté tant de fatigues, de sueurs, de travaux, de misères !… Avez-vous oublié que c’est moi le premier qui levai l’étendard de l’insurrection contre la