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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/224

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T. Louverture, Rigaud et Bauvais. On veut dégoûter les officiers blancs venus d’Europe, afin de travailler plus sûrement le pays en finances et de n’avoir que les Africains pour observateurs.

« Je croyais, en arrivant ici, y trouver les lois de la liberté et de l’égalité établies d’une manière positive ; mais je me suis cruellement trompé… Les pauvres blancs sont vexés et humiliés partout. Il sera, je crois, difficile de rétablir l’ordre parmi les dilapidateurs, parce que, disposant des Africains, ils les pousseront à la révolte quand on voudra diminuer leur influence et leur crédit. Je ne crains pas même de prédire, qu’après avoir donné la liberté aux noirs, on sera obligé de leur faire la guerre pour les rendre un jour à la culture.  »

Il ressort de cette lettre, que Rochambeau faisait le frondeur au Cap, et que s’il mécontenta l’agence, ce n’est certainement pas pour ce qu’il y disait de Rigaud et de Bauvais, dont elle travaillait à diminuer l’influence, mais bien en ce qui concernait Laveaux et T. Louverture. Ayant aggravé ses torts parce qu’il a dit de Leblanc personnellement, l’agence n’hésita plus à le déporter.

Cette lettre de Rochambeau au ministre de la marine, nous explique d’avance pourquoi on fît choix de lui en 1801, pour être de l’expédition de cette année, et les motifs de sa confirmation en qualité de capitaine-général, après la mort de Leclerc. À cette époque il s’agissait de faire la guerre aux noirs pour les rendre à la culture, et le général qui, en 1796, avait prédit cette nécessité, était réellement bien propre à recevoir cette mission pour empêcher que les pauvres blancs ne fussent vexés et humiliés. On sait d’avance aussi comment il y a réussi !

Il est à remarquer, d’après le rapport de Marec, que