Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/281

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matelots, il fut facile aux commandans anglais de découvrir le stratagème : d’ailleurs, ils n’étaient pas gens à se laisser tromper en une telle circonstance, lorsqu’on pouvait échanger les prisonniers anglais à la Jamaïque, ainsi qu’on avait déjà fait. Ils firent faire des recherches ; et les dépêches ayant été découvertes, le Cerf-Volant demeura bonne prise, et nos envoyés des prisonniers fort intéressans. La seule capture de Pinchinat, dont les écrits avaient tant nui aux Anglais, devenait une bonne fortune de guerre.

Rénéum, P. Fontaine et Découd furent envoyés à la Jamaïque avec le Cerf-Volant. Quelques semaines après, Pinchinat, Bonnet, Rey Delmas, Lachapelle et Garrigou furent transférés au Môle.

Les commandans anglais ne se bornèrent pas à la recherche des dépêches : tout l’argent que possédaient les prisonniers leur fut pris. Pinchinat donna en cette circonstance la preuve d’une véritable délicatesse ; il avait sur lui un ceinturon contenant 70 doublons en or ; c’était toute sa fortune qu’il emportait avec lui : interrogé s’il avait de l’argent dans ses malles, il pouvait nier et prouver qu’il ne s’en trouvait pas ; il avoua qu’il avait ce ceinturon et le remit.

Chaque prisonnier reçut 80 piastres de la libéralité des capteurs. Ils firent cependant une bonne action : Rigaud avait donné à Bonnet 50 louis d’or pour être remis à son fils aîné qu’il avait envoyé en France, afin de recevoir une éducation nationale. Les commandans anglais respectèrent ce dépôt paternel. Il faut les louer d’avoir agi ainsi.

Mis à bord de deux vaisseaux dans le port du Môle, les prisonniers avaient la faculté d’aller à terre. Rigaud ne