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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/335

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Opposer les noirs aux jaunes, voilà toute sa préoccupation : c’est à lui qu’il faut imputer le renouvellement des distinctions de couleurs imaginées par le système colonial.

Il avait à peine élevé Laplume, qu’il se tourmentait de ne pas recevoir de lettres de lui ; il témoigne ses inquiétudes à ce sujet à T. Louverture. Mais à la fin, Laplume lui écrit ; et comme cet officier faisait d’incessantes demandes grades et des recommandations en faveur d’officiers, hommes de couleur, qu’il aimait, on voit que cela inquiète Sonthonax. Il engage Laplume à être plus avare de recommandations : il n’ignore pas, en effet, que c’est à l’influence de Rigaud et de Bauvais, que cet officier a dû de ne pas se livrer aux Anglais, avec Pierre Dieudonné et Pompée qu’il avait fait arrêter, et il redoute encore l’effet de cette influence sur son esprit et son cœur. Le 19 mai il lui écrit : « Je connaissais la lettre que Rigaud vous a écrite, avant que vous m’en eussiez envoyé copie, parce que, sans sortir de mon cabinet, je sais tout ce qu’on projette partout où est Rigaud. Mes instructions vous disent la conduite que vous avez à tenir à son égard : prudence et surveillance, sont les deux seules choses que j’aie à vous recommander avec les rebelles du Sud. »

En effet, le même jour Sonthonax envoie des instructions à Laplume, pour sa gouverne dans le lieu qu’il commande, À côté des recommandations on ne peut plus convenables, faites pour qu’il ne se laisse pas aller à la persécution contre aucune classe d’hommes, pour les porter à fraterniser ensemble, nous remarquons ces passages :

« Je n’ignore point que les commandans militaires du Petit-Goave, Miragoane, l’Anse-à-Veau, Fond-des-Nègres, compriment les vœux secrets des communes. Le temps