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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/37

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deux noirs, officiers supérieurs, pour les engager à faire cesser ce désordre. Cependant Villatte engagea lui-même Laveaux à user de modération à l’égard des plaignans, et il déféra à ces avis ou conseils. Malgré les clameurs des mulâtres (sic), les maisons furent affermées au nombre de 198 pour la somme de 152,000 livres. Perroud mit de l’ordre dans l’administration, fit placer des gérans sur les habitations, afin d’avoir des ressources financières.

En même temps, les mulâtres du Limbé refusaient le noir Barthélémy pour commandant : ils voulaient pour tel un mulâtre nommé Blondeau.

Tout cet écrit de Laveaux, ainsi que nous l’avons déjà vu, témoigne de ses préventions contre les anciens libres, surtout les mulâtres. Il n’attribue aucun tort aux blancs du Cap qui, par leurs intrigues et d’après le rapport de Garran, avaient en quelque sorte porté Sonthonax et lui à abandonner cette ville. S’il fait l’éloge de Villatte à l’occasion de la tenue des troupes, du bon ordre existant dans les choses relatives à la guerre, c’est pour le décrier en le présentant comme persécutant les noirs. Il insinue que c’est Villatte qui fit dresser une pétition tendante à lui faire donner le commandement de la province. Le Cap a été incendié dans l’affaire de Galbaud ; des hommes de couleur ont occupé, réparé ou reconstruit des maisons abandonnées, et il les montre comme des envahisseurs qui veulent tout s’approprier. Si Villatte lui a dénoncé les auteurs des plaintes formées à l’occasion de leur affermage, en déférant aux conseils qu’en même temps il lui donna pour agir avec modération à leur égard, n’est-ce pas une preuve que Villatte soutenait son autorité, et voulait qu’elle se recommandât aux yeux de tous par sa douceur ? Serait-ce le militaire Villatte qui aura voulu se faire