Aller au contenu

Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soutenir, et qu’elle était basée sur le mépris et la haine qu’il nourrissait pour ses semblables. Aussi sa chute fut-elle éclatante, exemplaire !


En faisant retourner dans le Nord une partie de l’armée avec le général Moïse, T. Louverture n’était pas resté au Port-au-Prince. Il se rendit sur tous les points de ce département et de l’Artibonite où il fallait, par sa présence, assurer le succès de ses mesures atroces. Il courut des dangers dans une embuscade qui lui fut tendue au Gros-Morne : heureux d’en sortir sain et sauf, ce fut un nouveau motif pour continuer ses proscriptions.

Après avoir été poursuivi par Moïse et Clervaux, Lubin Golard, renfermé et canonné dans Jean-Rabel, finit par l’évacuer pour se porter au Môle. Cette ville elle-même fut bientôt cernée et canonnée par terre, et bloquée par mer, pendant quelques jours : la garnison en était trop faible pour pouvoir résister plus longtemps. R. Desruisseaux et Bellegarde s’enfuirent dans un canot et se rendirent à Miragoane. Après leur départ, Moïse et Clervaux pénétrèrent au Môle, où de nombreuses victimes tombèrent, comme à Jean-Rabel et à Bombarde. Il paraît que ce fut alors que périt Noël Léveillé. Le Môle fut pris le 31 août.

Lubin Golard, d’une résolution énergique, avait échappé à l’ennemi. Il se jeta dans les bois du Moustique, où les troupes du général en chef ne purent jamais l’atteindre. Il y vécut, secrètement secouru et nourri, jusqu’à l’arrivée de l’armée française, en 1802, où il se rallia à elle.

Une lettre de T. Louverture à Dessalines, datée du Môle le 8 septembre, lui rendit compte de ces événemens qui venaient de se passer.