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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/123

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tout dans les cantons de la Vallée et de la Montagne. Ces deux hommes étaient devenus importans, depuis que Bauvais et Rigaud les avaient employés à soulever les populations, contre A. Chanlatte que Sonthonax avait placé à Jacmel. Rigaud voulait s’appuyer sur eux, pour entraîner Bauvais à se prononcer en sa faveur avec la légion de l’Ouest. Mais Bauvais réussit à éteindre leur insurrection, en envoyant contre eux le chef de bataillon Benjamin Ogé, de la légion[1].

Après cet insuccès de Rigaud, T. Louverture, étant à Léogane dans les premiers jours de juillet, fit donner à son tour des instructions à Lafortune et Conflans, pour exciter les cultivateurs en faveur de sa cause. Ces deux hommes étaient secondés par les nommés Gilles Bambara, Massanga, Mentor Raison et Germain Lavalette. Ils reprirent les armes pour le général en chef. Cette fois encore, Bauvais essaya de comprimer leurs mouvemens par Ogé, qui fut assailli par leurs bandes et contraint à rentrer à Jacmel. Dès-lors, T. Louverture fut assuré qu’il y avait pour lui une force placée entre Rigaud et Bauvais, qui empêcherait leur jonction.

Il ne s’arrêta pas à cette précaution utile au succès de sa guerre contre le Sud. Il avait agi à l’ouest de Jacmel, il voulut agir aussi à l’est de cette ville.

Dans notre 3e livre, nous avons parlé d’une entrevue qu’il eut au Mirebalais avec Mamzelle, chef des noirs du

  1. Une lettre de Bauvais à Hédouville, du 14 août 1798, dénonçait Lafortune et Conflans pour des méfaits commis par eux. Avant l’arrivée de cet agent, Conflans avait été au Cap, former des plaintes contre Bauvais à T. Louverture. À son retour, d’accord avec Lafortune, ils organisèrent les cultivateurs en compagnies armées et méconnurent l’autorité de Bauvais. Ce dernier les dénonça au général en chef, qui se borna à leur recommander de se bien conduire à l’avenir.