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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/174

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la nouvelle du 18 brumaire. Il ne voulut pas perdre de temps après la prise de Jacmel, dans la crainte aussi que le colonel Vincent reviendrait bientôt avec de nouvelles instructions du gouvernement consulaire, pour maintenir le statu quo dans la partie espagnole.

Il se cramponna au motif résultant de la vente des noirs, pour passionner ceux du Nord qu’il dirigeait à volonté, comme il les avait passionnés contre les hommes de couleur, en attribuant à ces derniers le projet du rétablissement de l’esclavage. Mais nous allons voir une lettre curieuse et intéressante, qu’il écrivit au général Agé : auparavant, reprenons la suite de la mission de ce général.


Dès le 10 mai, A. Chanlatte avait reçu l’arrêté de Roume qu’il notifia à Don Garcia. En même temps, on apprit à Santo-Domingo la violence qui lui avait arraché cet acte. Ce fut un motif pour Don Garcia et Chanlatte, d’être opposés à la prise de possession, lorsque les instructions du gouvernement français et ses arrangemens avec la Cour de Madrid étaient formels à cet égard. Ces deux autorités communiquèrent indubitablement leur répugnance aux fonctionnaires publics, aux habitans : tous redoutaient de passer sous les lois, l’autorité d’un homme qui, à ses antécédens connus dans la partie espagnole, venait d’ajouter le massacre de tant d’infortunés pour assurer sa domination tyrannique. On conçoit alors quelle explosion eut lieu, de craintes, de répugnance, de haine, de la part de cette population jusqu’alors si paisible. Elle fut telle, que le général Agé fut menacé d’être lapidé, poignardé.

Le cabildo ou municipalité de Santo-Domingo, le clergé, et la population par une pétition revêtue de nombreuses