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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/268

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Or, dans le fait imputé aux accusés, il n’y avait eu aucune de ces circonstances aggravantes : c’était un simple vol domestique, commis par abus de confiance.

« Quand Toussaint reçut le jugement, dit M. Madiou, à qui nous empruntons ce fait, il entra dans une violente colère, le déchira et écrivit aux juges qu’ils eussent à mieux prononcer. Hilarion fut de nouveau jugé et condamné à mort … Il fut fusillé… par dix hommes de la garde d’honneur. La citoyenne Victoire, qui était enceinte, fut conduite en prison, où elle ne tarda pas à accoucher ; quelques semaines après elle fut exécutée. L’on prétendit, à l’époque, que Toussaint ne s’était déterminé à faire mourir Hilarion, que parce que celui-ci, en lui enlevant le sac d’argent, avait pris lecture du traité secret qu’il avait fait avec le général Maitland[1].

M. Madiou a été mal renseigné, en plaçant ces faits en juillet 1801 : ils se passèrent à la fin d’octobre 1800, au moment même de la publication de l’arrêté du 25 de ce mois, daté du Port-au-Prince. T. Louverture ne visitait pas alors le département du Nord, comme le dit cet auteur ; il n’y fut qu’en novembre suivant. C’est donc pendant sa présence au Port-au-Prince que ce vol fut commis.

Nous l’attestons pour avoir lu deux lettres du général Agé, commandant l’arrondissement, à M. Mirambeau, alors chirurgien en chef de l’hôpital militaire de cette ville : la première, datée du 4 brumaire an 9 (26 octobre 1800), lui ordonnait d’aller visiter Victoire, condamnée la veille et se déclarant enceinte, afin de faire son rapport. M. Mirambeau, dont l’humanité et l’honorable caractère sont connus en Haïti, espérant sauver cette femme, déclara

  1. Histoire d’Haïti, t. 2, p. 106 et 107.