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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/342

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légion de l’Ouest, les accusant d’avoir trahi pour ménager Lamour Dérance. Il donna ensuite à un autre mulâtre, nommé Cassé-Camp (nom de guerre), le commandement de 400 hommes pour aller chasser entièrement Lamour Dérance. Cassé-Camp réussit dans cette opération, tua beaucoup d’hommes aux indépendans. Lamour Dérance se réfugia au Bahoruco pour ne reparaître que quelques mois après, en apprenant l’arrivée de Rigaud au Port-au-Prince avec l’armée française : il fit sa soumission alors.

T. Louverture n’était pas retourné au Port-au-Prince, sans avoir ordonné une des mesures les plus utiles qu’il ait prises dans l’ancienne colonie espagnole, — l’élargissement des routes publiques. Avant cette prise de possession, elles n’étaient à peu près que des sentiers. Une population extrêmement faible par rapport à l’étendue de ce territoire, éparse comme les troupeaux qu’elle élevait, pauvre et se contentant de sa condition, n’éprouvant aucune excitation de la part de ses administrateurs, privée de tout commerce intérieur, ne sentait pas elle-même la nécessité des grandes routes qui donnent tant de facilité aux communications des hommes entre eux. Les gouverneurs espagnols, une fois débarqués à Santo-Domingo, n’en sortaient jamais pour parcourir le domaine confié à leurs soins : leur apathie était d’une influence capitale sur toute la population. Mais un gouverneur comme T. Louverture ne pouvait souffrir la continuation d’un tel état de choses : en peu de mois, toutes les routes publiques furent améliorées, bien entretenues.

L’administration de la colonie française, introduite tout entière dans cette partie, fit sentir certains bons