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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/378

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que l’autre, l’attachement qu’ils avaient pour la France, à des points de vue différens.


Toutefois, il est un côté moral par lequel il faut aussi envisager la constitution de 1801 : c’est M. Madiou qui va nous fournir des observations à cet égard :

« Tout n’était, dit-il, que mensonge dans la constitution ; la liberté individuelle (la liberté naturelle aussi) n’était pas respectée ; les propriétés étaient souvent confisquées, et le despotisme le plus dur pesait sur les citoyens (surtout sur les citoyens noirs cultivateurs ). Quant à la liberté de l’instruction publique, elle n’était qu’illusoire ; aucun établissement ne se formait sans l’autorisation du gouverneur qui imposait aux instituteurs le système d’enseignement et d’éducation qui lui convenait. On apprenait aux enfans dans les écoles, à lire et à écrire ; on leur enseignait l’histoire sainte interprétée de manière à ne former que des fanatiques, les hauts faits de Toussaint, gouverneur de l’île par la volonté du Tout-Puissant qui l’avait choisi pour être le Spartacus moderne prédit par Raynal[1]. »

C’était donc pour aboutir à ce résultat, qu’il avait ordonné tant d’assassinats sur la portion la plus éclairée de la population de son pays, sur ses frères ! Cette guerre civile, qu’il fit avec tant d’acharnement, pour la prétendue indépendance de Saint-Domingue, ne produisit que ce fruit honteux ! Sont-ce là de grandes vues de la part d’un législateur ? Nous entendons par ces mots, des vues libérales, ayant pour objet le bonheur réel des hommes. Était-ce en violant leur liberté naturelle et individuelle,

  1. Histoire d’Haïti, t. 2, p. 97.