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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/490

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Bretagne, quand elle possédait quelques points du territoire de la colonie.

Il dirige alors sa pensée, déjà conçue dans l’époque précédente, vers la réunion totale de toute l’île de Saint-Domingue sous sa domination. Il n’ignore pas que le gouvernement de la métropole s’est réservé à lui seul d’ordonner la prise de possession de la partie espagnole, quand il le jugerait convenable ; que, si Roume, agent national, avait été forcé de l’ordonner, il avait néanmoins rapporté ensuite son arrêté à cet effet. Pour ôter à cette ombre d’autorité tout désir de s’y opposer, il ordonne qu’il soit interné dans l’intérieur du département du Nord, où il le tient en chartre privée, après l’avoir accusé d’être l’auteur de la guerre civile du Sud. Roume reçoit ainsi la juste récompense de toutes ses condescendances, basées du reste sur les instructions du gouvernement directorial ; et T. Louverture, en agissant ainsi, ne se base pas moins sur les condescendances constantes de la métropole envers lui.

Se mettant à la tête d’une portion de l’armée, il se dirige contre la partie espagnole dont il s’empare par la force des armes.

Là, enfin, il développe toutes ses vues sur l’organisation définitive de son gouvernement. De Santo-Domingo, il convoque une assemblée délibérante pour donner une constitution et des lois particulières à la colonie, en interprétant de mauvaise foi une disposition de la constitution française qui a institué le gouvernement consulaire. En même temps, il y fait de nombreuses promotions militaires pour s’assurer le dévouement des chefs de son armée.

Là aussi, il proclame une disposition contraire aux droits naturels et civils de ses frères, les cultivateurs noirs