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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/96

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Yago de Cuba ; ces receveurs, munis comme Rigaud, de prétendus titres authentiques, ont eu, comme lui, la folie d’y croire, et n’ont pas manqué de vouloir compromettre le gouvernement légitime de Saint-Domingue auprès des gouverneurs nos alliés… »

Ici, nous sommes porté à nous demander, si Roume était autorisé par le Directoire exécutif à accuser Hédouville comme il l’a fait, — ou, si ces accusations étaient le résultat de la rude besogne que son prédécesseur lui avait laissée, — ou si, enfin, sous l’apparence d’une bonhomie aussi ridicule, il remplissait avec intelligence les instructions qu’il avait reçues ? Dans tous les cas, quel spectacle dégoûtant qu’offrait à cette colonie, un agent de la métropole qui en accusait un autre !

Nous avouons ne pas être en état de démêler le véritable objet de cette tirade de la proclamation du 3 juillet. Mais, si un écrivain français, de nos jours, a cru pouvoir qualifier d’imbécile, la politique du Directoire exécutif suivie entre T. Louverture et Rigaud[1], nous croyons, nous, pouvoir dire, avec conviction, qu’il n’est pas étonnant que l’habileté de T. Louverture ait exploité avec tant de profit, la situation que lui avait faite ce gouvernement, représenté en dernier lieu par un agent tel que Roume. Se moquant de l’un et de l’autre, il agit uniquement dans le but de rester vainqueur de Rigaud, à quelque prix que ce fût.

Enfin, pour tout dire sur cette proclamation, Roume la termina par une grande apparence de modération à l’égard de Rigaud ; « il lui offrit son pardon et la conservation du commandement de l’arrondissement militaire des Gayes, si, vingt-quatre heures après la connaissance acquise de cette proclamation, Rigaud reconnaissait, par un

  1. M. Lepellelier de Saint-Rémy.