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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/122

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dépendance de son pays, d’après les formes diplomatiques.

Le même jour que l’envoyé américain arrivait aux Gonaïves, le 2 septembre, l’amiral Duckworth adressait une lettre, de Port-Royal de la Jamaïque, au capitaine-général Dessalines. Cette lettre avait pour but de se plaindre de dispositions hostiles, disait-il, qu’avaient montrées les gardes-côtes haïtiens aux navires de guerre anglais qui croisaient autour d’Haïti, pour protéger, ajouta-t-il, son cabotage contre les corsaires français. Il lui rappelait, en outre, qu’ils avaient eu entre eux des communications à la suite desquelles ils étaient à peu près convenus, que Dessalines n’armerait point de bâtimens ; et que ces faits étaient contraires à ses promesses.

Cette lettre fut apportée aux Gonaïves, le 18 septembre, par le capitaine Perkins, devenu en quelque sorte le messager obligé des autorités de la Jamaïque. N’y trouvant pas l’empereur, Perkins lui écrivit le 19, en le qualifiant de ce titre, pour lui transmettre la dépêche de son amiral, et ajoutant qu’il aurait bien des choses à lui communiquer de vive voix.

Mais Dessalines ne se dérangea pas de Marchand où il était en ce moment ; il répondit poliment à Perkins, en lui envoyant sa réponse à l’amiral. Cette réponse, assez sèche, disait « à ce dernier que, suivant les rapports qui lui avaient été faits, ses gardes-côtes avaient au contraire agi amicalement envers les navires anglais ; qu’il les avait armés pour poursuivre les bâtimens ennemis qui avaient paru dans le golfe de l’Ouest ou canal de la Gonave ; et qu’au surplus, il ne se rappelait pas être jamais convenu du contraire avec l’amiral. Il s’impatienta excessivement de ce qu’il considérait comme des importunités de la part des autorités de la Jamaïque, menaça publiquement de