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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/433

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lui au Port-au-Prince. Quique y étant arrivé, fut livré à un conseil spécial qui le jugea et le condamna à mort : il fut exécuté. Ses dispositions militaires contre Yayou l’avaient perdu, et il faut que le conseil ait jugé ainsi ; car Pétion n’était pas un chef à ordonner une sentence de mort à des juges.[1]

Cette malheureuse affaire le navra de douleur, parce qu’il estimait en Lamarre, un officier plein de mérites à tous égards, il aimait Dieudonné qui était son aide de camp : la preuve, c’est qu’il lui avait confié le commandement de la place du Port-au-Prince, le 16 octobre. Il considérait Quique comme un officier de valeur. Mais en présence de l’anarchie qui voulait se faire jour dans l’armée, destinée à la réprimer, il fallait ces exemples de fermeté légale, pour contenir les agitateurs. Évidemment, ces trois officiers avaient fort mal agi, chacun respectivement, envers le général Yayou, leur supérieur. Mollir devant cette cabale qui voulait l’expulser de Léogane, c’aurait été encore légitimer les insinuations perfides de Christophe, consignées dans sa lettre à ce général.

Il nous semble que, par ces faits et celui relatif à la mutinerie des 11e et 12e demi-brigades, Pétion prouva qu’il ne tolérait pas la licence des militaires, dans l’acception de ce mot comme insubordination, ainsi qu’on l’en accusait à cette époque. Ce sont les chefs qui s’en plaignaient, par rapport aux soldats ; mais ils voulaient avoir le privilège de s’y livrer à leur aise, comme firent ces trois officiers supérieurs envers le général Yayou. Bientôt nous expliquerons les motifs de sa conduite envers les militaires déserteurs qui se réfugièrent au Port-au-Prince.

  1. Quique fut remplacé par le chef de bataillon Bigot.