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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/44

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Fait au quartier-général des Gonaïves, ce premier janvier mil huit cent quatre, et le premier jour de l’Indépendance.

Signé : Gabart, P. Romain, J.-J. Herne, Capois, Christophe, Geffrard, E. Gérin, Vernet, Pétion, Clervaux, Jean-Louis François, Cangé, Férou, Yayou, Toussaint Brave, Magloire Ambroise, L. Bazelais, Daut[1].


Les deux derniers actes furent aussi bien accueillis par les troupes et le peuple assemblés, que l’avait été la proclamation du général en chef : l’une était la consécration du droit inhérent à tout peuple qui se voit contraint à la résistance, l’autre celle du fait rendu aussi nécessaire par la guerre qui avait suivi cette résistance.

L’indépendance avait été le but de l’insurrection contre l’autorité de la France : la déclaration des chefs du pays recevait sa sanction par l’acceptation de l’armée et du peuple.

La dictature avait investi Dessalines, général en chef des indigènes, de tous les pouvoirs : elle était continuée entre ses mains sous le titre de gouverneur général, par les généraux qui l’avaient secondé et reconnu déjà comme dictateur. Le droit de choisir son successeur était le même que Toussaint Louverture s’était réservé par sa constitution de 1801.

Mais, y eut-il réellement délibération de la part des généraux, pour conférer à Dessalines la qualification de gouverneur général, ainsi que l’affirme un auteur national ?[2] Quand il s’agira du titre d’Empereur et de la

  1. Le nom du général Daut ne figure pas dans l’imprimé de cette époque, tandis qu’il paraît dans l’acte précédent : nous le rétablissons, dans la pensée que ce fut une omission purement typographique.
  2. M. Madiou. « Les généraux, dit-il, lui conférèrent le titre de gouverneur général, supérieur, en leur esprit, à celui de général en chef, parce que Toussaint l’avait pris… Chacun parut avoir oublié que ce titre ne convenait pas au chef d’un peuple indépendant, etc. » Hist. d’Haïti, t. 3. p. 119.